Entrepreneuriat

Créer son entreprise depuis les bancs de Centrale : l’expérience d’Adam et Audrey au “Deck”

Dès leur première année à Centrale Méditerranée, Audrey Nourry et Adam Gouasmi ont opté pour l'alternance entrepreneuriat, un choix réfléchi, parmi plusieurs options d'alternance.

Passionnés par la technologie et le design, ils ont, dans ce cadre, lancé "Vintage Remix", un projet innovant de fabrication d'enceintes Bluetooth à partir de vieilles radios.

Leur expérience témoigne de l'énergie et de la créativité des étudiants-ingénieurs en quête d'innovation et de savoir-faire entrepreneurial.
Adam et Audrey

Pouvez-vous vous présenter ?

Adam : Audrey et moi sommes deux étudiants en première année à Centrale Méditerranée. On a commencé dès la rentrée l'alternance entrepreneuriat parmi un panel de quatre options d’alternances différentes :

  1. En entreprise;
  2. en laboratoire de recherche;
  3. en entrepreneuriat;
  4. ou en train'ing.

Avec Audrey, nous avons opté pour l'alternance entrepreneuriat qui nous permet de développer un projet de A à Z avec des outils, un espace à notre disposition, des ressources spécifiques et surtout avec l’encadrement de Françoise Perrin, responsable de la filière, et les conseils avisés de nos coachs. On appelle ces derniers des “skippers”. Ils nous encadrent tout au long de l'année en nous apportant les bons questionnements pour développer notre projet dans le bon sens.

 

Audrey : Lors de la présentation des différentes alternances à l’école, j’ai tout de suite été attirée par l’alternance entrepreneuriat qui permet de développer un projet qui nous tient à cœur, nous représente et colle avec nos valeurs.

Cette alternance permet de nous sortir de l’apprentissage scolaire traditionnel. Je découvre une autre manière d’apprendre, mais surtout cela permet de se confronter à la réalité du terrain.

Nous avons rencontré beaucoup de difficultés et nous avons dû, à plusieurs reprises, changer notre manière de voir les choses, jusqu’à redéfinir même notre trajectoire.

On fait, on se trompe, on recommence et c’est un complément solide à notre formation “classique”.

Adam : Personnellement, ça faisait longtemps que j’avais envie de travailler dans un domaine un peu plus tourné vers l'économie et le business, mais je ne savais pas exactement comment j’allais combler cette envie à Centrale. C'est l'alternance qui s’est avérée la bonne option pour moi.

Avec Audrey, on a fait le choix de se mettre ensemble en projet parce qu'on avait des personnalités qui cohabitaient bien, on avait un peu la même vision de ce que c'était que l'entrepreneuriat et de ce qu'on voulait faire. On voulait aussi vivre cette expérience en collectif pour partager et confronter nos points de vue.

Quelle est l'origine de “Vintage Remix”, votre projet de fabrication d'enceintes Bluetooth à partir de vieilles radios ?

Adam : L'idée est venue d'Audrey. Elle avait vu sur les réseaux sociaux des services qui proposaient de rénover de vieux postes radio vintage et de les proposer à la vente en tant que radio Bluetooth mais en approfondissant nos recherches, on s’est rendu compte que c'était très peu développé et un peu anecdotique sans être portée par de “vraies entreprises”.

Donc on s’est dit qu’il y avait une niche à explorer et qu’on s’est retrouvés tous les deux à pitcher notre projet devant Françoise Perrin : “On va transformer des objets du passé en produits high-tech uniques”. Elle nous a suivi !

ancien poste radio

Vous poursuivez un objectif de recyclage, c’est bien ça ?

Exactement ! Le projet "Vintage Remix" repose sur plusieurs aspects majeurs. Premièrement, il y a un aspect écologique fondamental puisque nous récupérons de vieux postes radio pour les transformer en enceintes Bluetooth.

Récemment, nous avons d’ailleurs, décidé de ne pas nous limiter à ce carcan et d’élargir notre champ d’action. Nous rénoverons également des réveils et des téléphones fixes des années 70 et 80 en y intégrant notre système Bluetooth.

L'upcycling d'objets vintage permet de les remettre au goût du jour et de les transformer en enceintes uniques.

En plus de l'aspect écologique, notre projet se distingue par son côté design et décoration d'intérieur. Les radios vintage ont un charme particulier et peuvent parfaitement s'intégrer dans une décoration contemporaine. C’est vrai pour les radios, mais aussi pour les autres objets que nous transformerons.

De plus, il y a un aspect affectif important : nous proposerons non seulement la vente, mais aussi la rénovation d'anciens objets plus personnels. Ainsi, nous redonnerons vie à des pièces qui ont déjà eu un vécu, une histoire chargée d’émotions et de souvenirs, qu’on propose de conserver.

Combien de temps passez-vous à travailler sur Vintage Remix chaque semaine ?

Cela varie. Pendant les semaines d'alternance, nous y travaillons à plein temps, soit environ 8 heures par jour.

En dehors de ces temps dédiés, c’est plus sporadique, comme lorsque nous contactons des experts ou assistons à des conférences sur l'entrepreneuriat.

Sur notre temps libre, nous visitons également des brocantes et des magasins de seconde main pour trouver des postes vintage et nous renseigner sur les tendances en matière de design.

Récemment, nous avons exploré une brocante à Marseille où un antiquaire nous a longuement parlé des designers en vogue. Dans tous les cas, c’est compatible à 100% avec le programme d’élève-ingénieur.
 

Pouvez-vous partager quelques défis que vous avez rencontrés et comment les avez-vous surmontés ?

Le principal défi que nous avons rencontré au début de notre alternance était l'aspect technique. Fabriquer une enceinte Bluetooth de A à Z nécessite des compétences technologiques que nous n’abordons pas directement dans l’alternance entrepreneuriat, qui est davantage axée sur le développement d’une start-up, l’analyse de marché et la stratégie économique.

Cependant, grâce à un projet scientifique parallèle à l’école, nous avons pu nous dédier sur la technicité de l’objet en travaillant chaque semaine en groupe.

Cela nous a permis de surmonter cet obstacle et de développer les compétences nécessaires pour améliorer nos prototypes et obtenir un son de qualité.
 

Vous sentez-vous soutenus ?
Avez-vous bénéficié d’un accompagnement spécifique de la part de l'école ou d'autres personnalités ?

J’en parlais à l’instant, je trouve que cet accompagnement technique de l’école en intégrant notre projet entrepreneurial à la maquette des autres options nous permet vraiment de concrétiser notre idée.

Centrale Méditerranée nous donne les clés pour que notre initiative voie le jour, en mettant à notre disposition des ressources précieuses (y compris par le soutien de nos camarades en R&D). Avec l'alternance, on a aussi accès à un petit budget pour acheter des objets ou passer des commandes en ligne.

Et puis, c’est vrai aussi que notre coach nous aide pour tout l’aspect réseau, qui est essentiel. Par exemple, il relaie nos publications sur LinkedIn, ce qui nous aide à toucher un public plus large.

Nous avons également réalisé un sondage pour estimer les prix de nos produits. L’École nous encourage à participer à des concours d'entrepreneuriat régionaux comme Les Entrep’ . Bien que nous n'ayons pas pu participer cette année, de nombreux étudiants de première année l'ont fait, et certains, comme Fabien et Thomas, ont même remporté des prix.

Cette dynamique nous pousse à aller toujours plus loin et à exploiter pleinement les opportunités qui se présentent.

D’ailleurs, je profite de l’article pour remercier bien sincèrement Claude Wurmel, Yahn Ales, et Françoise Perrin pour leurs bons mots.
 

Créer une mini-entreprise, c'est aussi l'occasion d'acquérir de nouveaux savoir-faire et surtout de nouvelles compétences.
Êtes-vous d’accord avec ça ?

Définitivement OUI, et c’est la première raison qui nous a poussés vers cette alternance. Elle nous permet d'acquérir de nouveaux savoir-faire et compétences. Nous voulions apprendre différemment, dans un format ludique, en mettant la théorie en pratique. Et puis élargir nos influences, nos cercles.

Par exemple, Yahn, propriétaire de la société de cosmétiques haut de gamme IUM, a partagé avec nous son expérience entrepreneuriale.

Ses récits de vie nous ont permis de comprendre les réalités de la gestion d'une entreprise, de la gestion des stocks à la production, des aspects que nous n'aurions peut-être pas appréhendés de manière aussi concrète autrement. Les interventions de tels entrepreneurs sont extrêmement enrichissantes et nous offrent de l’élan ainsi que des perspectives inestimables.

Cela me permet de rebondir. C’est Yahn qui nous a permis de réaliser à quel point l'aspect marketing est crucial pour Vintage remix. En B to C, il est essentiel de séduire les clients. Nous avons beaucoup réfléchi au nom et à l'identité visuelle de notre produit pour qu'ils évoquent au plus juste notre démarche et qu’ils attirent notre cible.

Dès le début, nous avons envisagé notre produit comme un objet tendance, capable de susciter un réel engouement. Parallèlement, nous développons notre stratégie entrepreneuriale : analyse de marché, estimation du nombre d'objets vintage récupérables, définition du prix de vente et des quantités que nous pouvons produire et vendre.

Ces étapes sont essentielles pour garantir le succès de Vintage Remix.

Vous y croyez ?

Bien sûr qu’on y croit !

Quelles sont les prochaines étapes et votre stratégie pour le développement futur ?

Nous avons terminé l’analyse de la concurrence en étudiant dans les moindres détails, les entreprises qui proposent des services similaires aux nôtres.

Deux entreprises en particulier attirent notre attention : l'une qui proposait des radios rénovées et l'autre qui continue d'en proposer. Leurs produits sont vendus à des prix très différents, ce qui montre qu'il n'y a pas une seule façon de faire. C'est à nous d'estimer la meilleure approche et de définir notre propre “pricing”.

Pour le futur, nous allons établir des indicateurs de performance clairs. Nous voulons définir un objectif de vente idéal, mais cela dépend de nombreux facteurs, comme le prix d’achat, le coût d'acquisition des radios et l'état de rénovation. Actuellement, nous travaillons à estimer ces variables en utilisant des sondages pour recueillir des avis sur les prix potentiels. Cela nous aide à affiner notre stratégie et à nous préparer pour la phase de production.

On va essayer de se confronter assez vite à la vente pour être dans une démarche de test & learn et confronter directement notre produit à son marché, afin d’éventuellement faire des ajustements sur son positionnement, notre image de marque, etc.

En tout cas pour l’instant, on ne veut pas que “Vintage Remix” soit associé à un genre. On imagine un produit design, de qualité, également inclusif et ouvert à tous.

To be continued…

programmation du bluetooth
programmation de la radio
ancien poste radio

Un mot sur l’alternance-entrepreneuriat

Elle concerne une quinzaine de projets par semestre (sur sélection) ; les porteurs consacrent près de 25% de leur temps scolaire à leur projet, notamment via les semaines d’alternance. Cette alternance se positionne dans le cursus à cheval sur la première année et la deuxième année, et au-delà sous conditions.

Si le dispositif cherche à délivrer indéniablement un socle de « connaissances entrepreneuriales » (outils, principes de raisonnement et d’action, processus, éléments de marché, etc…), il met principalement en œuvre des principes d’apprentissage expérientiel en posant un cadre bienveillant, réfléchi et sécurisé.

“C’est en forgeant qu’on devient forgeron” l’élève-entrepreneur est donc le principal artisan de son apprentissage, de son exploration et de son cheminement personnel et professionnel.

Le "cadre pédagogique" est rythmé par des rendez-vous individuels (coaching entrepreneurial et rendez-vous d’experts) et collectifs (rendez-vous des Entrepreneurs, conférences, ateliers), et s’appuie sur un lieu, Le Deck, et une animation de communauté dédiées.

Contact

Françoise Perrin

Françoise Perrin

Enseignante,
Chargée de mission Entrepreneuriat.

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