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École
20 ans d’engagement pour l’égalité des chances à Centrale Méditerranée
Depuis 2 décennies déjà, les élèves et les personnels de Centrale Méditerranée développent des actions innovantes, dans le champ de l’éducation et de la formation, au bénéfice des jeunes élèves défavorisés du territoire. Cet engagement sociétal, marqueur identitaire de l’école, implique 4 programmes de tutorat et l’investissement de centaine d’étudiants tuteurs. Nous sommes revenus sur 20 ans d’action en faveur de l’égalité des chances, avec Guillaume Quiquerez, Directeur du “Labo Sociétal”.
Tout a commencé quand…
… Quand un groupe d’élèves ingénieurs est passé devant le collège Mallarmé, il y a 20 ans de cela. Ils ont alors réalisé leur chance, d’être à Centrale, promis à un brillant avenir. Il faut savoir que l’école est située sur un technopôle verdoyant et paisible, composé d’entreprises et de laboratoires d’excellence.
Non loin, plus au sud, se concentrent les cités souvent dégradées des années soixante. Le quartier la Rose, n’a de rose que le nom et le crépi délavé. Les élèves parcourent en métro chaque jour ces écarts de revenus et de niveau de vie pour se rendre en cours. Ils assistent au séparatisme des riches et des pauvres, à l’augmentation de la précarité. Ils le savent parce qu’ils le voient.
Ces jeunes, il y a 20 ans, ont compris devant le collège Mallarmé que les établissements scolaires étaient à l’image de leurs quartiers : ségrégués. À tout juste 20 ans, les jeunes centraliens se sont dit qu’ils avaient quelque chose à faire, de concret, pour aider ces collégiens. Qu’il en allait de leur responsabilité.
La co-construction de fondations solides
Guillaume Quiquerez, directeur du Labo Sociétal explique : « Tout partait donc de la volonté, l’énergie et d’un sens de la justice. Poussée par cette impulsion des élèves, l’école s’est aussitôt emparée du sujet. On m’a demandé de travailler sur la structuration d’un programme d’égalité des chances, avec un contenu pédagogique et une feuille de route pour faire monter en puissance les effectifs d’élèves accompagnés. En quelques années, on est passé de 1 à 5 collèges partenaires, ce qui donnait rapidement 10 classes de quatrième et de troisième pour 25 tutrices et tuteurs centraliens. Puis furent créés pour accompagner cette montée en puissance l’association Échanges Phocéens et le Labo Sociétal côté école».
Outre les valeurs de l’association, ce qui fait sa pérennité c’est la manière même dont elle est conçue.
Guillaume Quiquerez
Directeur du Labo Sociétal
Ce n’est ni tout à fait un projet associatif, ni seulement un projet institutionnel.
Les principes de la gouvernance d’Échanges Phocéens sont conformes à l’histoire de ses débuts : l’engagement des élèves et l’accompagnement structurel de l’école. Symétriquement, on a créé un conseil d’administration composé des élèves actuels, anciens et de deux personnels de l’école.
Guillaume Quiquerez précise : « C’est complètement hybridé. Au milieu de leur première année, les centraliens entrent dans le bureau de l’association et occupent tous les postes opérationnels. Et parmi les anciens membres de l’exécutif, deux se dégagent et prennent les fonctions de président et de vice-président. Les rôles et la charge sont ainsi distribués entre anciens et nouveaux membres. C’est notamment grâce à cette transmission entre les générations que le projet perdure. Et bien sûr grâce à l’accompagnement de l’association par les collègues du Labo Sociétal. Par-delà les changements de gouvernance, de chefs d’établissement, ou de promos, on trouve une continuité de passation, une stabilité culturelle ».
En chiffres, le bureau c’est en moyenne 26 membres. À raison de 6 h par personnes sur 40 semaines, cela représente 6240 heures d’engagement. Ce n’est pas rien, ce n’est pas vain.
Une belle histoire d’autonomie et de confiance
Une autre originalité d’Échanges Phocéens, c’est la confiance portée à chaque partie :
- Les collégiens et lycéens accompagnés ne sont pas obligés d’assister à leur séance de tutorat et pourtant les chiffres de présence sont excellents.
- Les élèves ingénieurs ne sont pas obligés de devenir tuteurs et pourtant l’association n’a aucun mal à mobiliser de nouveaux membres chaque année.
- Historiquement enfin, dans des projets de ce type, c’était la grande école qui sélectionnait les élèves à accompagner. Centrale Méditerranée a préféré confier cette tâche aux établissements. « On ne voulait pas se substituer aux enseignants du secondaire qui connaissent leurs élèves. Ce n’est pas notre compétence. »
La confiance, ce n’est pas quelque chose qui s’installe en 5 minutes. Guillaume Quiquerez est persuadé d’une chose : « Si ça fonctionne, c’est parce que chaque semaine, les étudiants sont au rendez-vous face aux collégiens et lycéens. On a installé la permanence de l’action, la récurrence, qui génère cette confiance. Il y a énormément d’humanité et de mise en autonomie dans le projet ».
Les grandes personnes aiment les chiffres
Afin d’évaluer avec plus de précision l’impact des programmes d’égalité des chances, le Labo Sociétal a créé un Outil d’Évaluation Systémique du Tutorat (OuESTU). « On a d’abord cartographié toutes les relations existant entre les parties prenantes de nos actions, puis on a identifié pour chacune des relations des indicateurs capables de traduire, de façon objective, comment tout cela évoluait d’une année à l’autre. » explique Guillaume Quiquerez.
Depuis 2005, Échanges Phocéens représente :
- Plus de 1100 tuteurs et tutrices engagés.
- Plus de 2400 élèves accompagnés.
Sur la seule année 2024 - 2025, cela donne 390 collégiens et lycéens accompagnés par 120 étudiants. Parmi les chiffres les plus évocateurs de l’évaluation, on découvre encore que parmi les tutoré.e.s :
- 90 % déclarent que les séances de tutorat sont utiles pour leur scolarité.
- 90 % ont obtenu leur Bac (dont 45 % avec mention).
- 83 % affirment se sentir plus autonomes grâce au tutorat.
Et du côté des élèves ingénieurs ?
« C’est aussi un apprentissage de la part des étudiants. Ils ressortent grandis de leur tutorat, car ils éprouvent intensément à quel point ils sont utiles en participant à changer la vie de ces jeunes » indique Guillaume Quiquerez.
« D’abord ils découvrent ce que ce qu’est être adulte, dans le sens où ils deviennent responsables d’autrui, souvent pour la première fois. Ils doivent comprendre entre autres ce dont les élèves accompagnés ont besoin et comment traduire ce besoin en séquences pédagogiques, mais aussi comment nouer une relation confiante, devenir un soutien et accompagner au mieux ces collégiens et lycéens. »
Les élèves ingénieurs nourrissent aussi leur ouverture culturelle, leur compréhension des disparités socio-économiques, leur responsabilité en tant que citoyens. Tout cela contribue au sens à leur formation à Centrale Méditerranée. « On considère que cet apprentissage par l’expérience fait partie de leur formation ».
Comment imaginez-vous l’avenir d’Échanges Phocéens pour la prochaine décennie ?
« Du côté de l’école, l’engagement se poursuivra. Je n’ai absolument aucun doute non plus sur la continuité de l’engagement des étudiants de Centrale Méditerranée.
En revanche, parfois, il m’arrive d’avoir des craintes sur la continuité du soutien financier des partenaires publics grâce auxquels nos actions sont menées.
En particulier, le financement public du travail de coordination et d’accompagnement des étudiants engagés que réalise l’équipe du Labo Sociétal doit pouvoir s’inscrire dans le temps long. Sans l’investissement et le professionnalisme de ces collègues, rien de tout cela ne serait possible. »
📌 À propos d’Échanges Phocéens
Collèges & Lycées
Tutorat et activités d’ouverture sociale et culturelle.
+265 bénéficiaires
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Spé S&T
En partenariat avec le lycée Thiers. Tutorat qui permet aux élèves de viser des études longues et souvent sélectives.
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Campus Co
En partenariat avec le Campus Co de Marseille, tutorat à distance.
+20 bénéficiaires
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