
Rencontre avec Grégory Pascal qui représentera la France lors du G20 YEA 2019 de Fukuoka


L’année après mon diplôme, j’ai décidé de devenir entrepreneur. J’ai fait un cycle que j’ai adoré : HEC Entrepreneurs. Dès la première mission, j’ai travaillé avec Fabien Potencier, qui est depuis toujours mon associé. Nous étions plutôt différents : il est Lillois et … je suis Marseillais. Etonnamment, il s’est vraiment passé entre nous une sorte d’alchimie, la même façon de raisonner, mais avec des angles différents.
On était en 1998, Internet avait commencé. On sentait que les outils techniques du web allaient devenir des outils de communication, il fallait incarner la convergence entre la technologie et le marketing de façon simple. Avec Fabien, on aimait bien travailler ensemble, on y est allés vraiment au feeling, et sans faire aucune étude de marché. C’est comme ça qu’a démarré l’aventure de Sensio.
L’échelle mondiale du réseau G20 compte-t-elle beaucoup pour vous ?Oui absolument. On vit dans une époque connectée en permanence et c’est formidable de rencontrer des entrepreneurs des pays du G20 qui ont des histoires différentes, mais avec qui on partage beaucoup d’expériences communes. C’est un des aspects que j’avais le plus apprécié de ma participation au G20 des Jeunes Entrepreneurs de Buenos Aires [en 2018].
Le succès mondial de Symfony me montre tous les jours que c’est la bonne échelle pour construire les innovations de demain. En France, on a tendance à voir l’international comme un risque, plutôt qu’une opportunité. Or l’international est un excellent moyen de conquérir de nouveaux clients. C’est formidable de se dire qu’une technologie comme Symfony créée dans une startup de 10 personnes en France équipe aujourd’hui 10-12% des sites web dans le monde. Dans le digital, l’innovation ne s’arrête pas aux frontières de chaque pays. Il faut se projeter dans le monde si on veut qu’elle ait un impact.
C’est un thème passionnant et fondamental : quels modèles économiques durables les entrepreneurs peuvent-ils imaginer ? J’aimerais connecter cette question avec les enjeux du numérique. En particulier, l’intelligence artificielle et de la robotique, un domaine où les Japonais ont déjà beaucoup d’avance. Ces innovations auront des conséquences massives sur nos entreprises et sur les emplois. J’ai hâte d’en parler avec les entrepreneurs des autres pays du G20. Au sein de la délégation française, nous prévoyons de préparer des recommandations post-G20 que nous remettrons au gouvernement français à notre retour.
Selon vous, l’innovation à la française, c’est bien parti ?Il faut accepter et comprendre que la France a plein d’atouts, que je découvre tous les jours. En partant à l’international, on se rend compte que la France a un excellent niveau de formation – par exemple grâce à ses écoles d’ingénieurs, un cadre de vie exceptionnel, des dispositifs fantastiques comme le Crédit Impôt Recherche qui permet de créer des emplois et d’innover. La France peut être un eldorado pour les sociétés de technologies.
Et puis, je dirais que la French Touch et la French Tech, sont reconnues à l’international. Dans le domaine de l’Open Source, il y a eu beaucoup d’initiatives et on croise beaucoup de Français ou d’Européens sur ces initiatives. On amène cette créativité technologique et logicielle aux Etats-Unis, qui – on doit bien le reconnaître, ont souvent la capacité à mieux les commercialiser que nous.
Mon conseil, c’est qu’on ne construit rien sans un engagement durable et sincère. La réussite facile et immédiate est une illusion. Le plus important, ce n’est pas de réussir ou d’échouer, mais d’avoir fait les choses au maximum. Réfléchissez à ce qui compte réellement pour vous, ce qui vous a rendu heureux et fier, dans ce que vous avez accompli. C’est sans doute quelque chose dans lequel vous avez mis beaucoup de vous-même, que vous avez vécu à fond, qui vous a pris beaucoup, mais apporté encore plus.
N’ayez pas peur d’entreprendre, allez-y en vous engageant à fond, vous ne le regretterez pas !