Yoca, la startup de Christian Bardin se développe, sous l’œil bienveillant de son mentor Antoine Metzger.
Dans cette aventure entrepreneuriale, il est accompagné par le groupe NGE et ses équipes, y compris son président, Antoine Metzger.
Portrait croisé de ces deux profils d’entrepreneurs et de Yoca, bien sûr !
Pouvez-vous vous présenter ?
Antoine : J'ai 59 ans et je suis président du groupe NGE depuis 10 ans. Ingénieur de formation, j‘ai été diplômé de Centrale Supélec en 1988. Père de trois enfants, je suis très attaché à mon territoire. C’est ce qui me pousse à aider modestement la Métropole à développer l’enseignement supérieur.
Cela se traduit par différents engagements :
- En tant que membre du Club Top 20 Aix Marseille Provence ;
- au sein de l’école La Plateforme ;
- au sein du Comité d'Orientation et Prospectives de Centrale Méditerranée ;
- et bien sûr grâce à l’appel à concours organisé depuis quelques années par Le Carburateur et gagné cette année par un centralien, Christian !
Christian : J’ai 24 ans, je suis diplômé de Centrale Méditerranée depuis 2022, après une alternance en gestion d'affaires dans le domaine du chauffage, ventilation, climatisation et plomberie chez SNEF.
C’est à l'issue de cette alternance que je me suis rendu compte du manque cruel d’outils informatiques dans la construction. Étant passionné d’automatisation, j'ai voulu apporter quelque chose de plus vert au secteur du bâtiment. En août 2023, j'ai créé Yoca avec ma sœur Marine.
Avant de développer un logiciel de gestion de chantier, j'avais bénéficié d'un accompagnement pendant ma première année avec Françoise Perrin, enseignante à Centrale Méditerranée.
Qu’est-ce que propose Yoca ? C’est l’heure du pitch.
Christian : Yoca c’est un logiciel, accessible sur abonnement, qui aide les professionnels du BTP à gérer leur chantier et à calculer l'empreinte environnementale des produits proposés par les fournisseurs dans les métiers CVCP (Chauffage - Ventilation – Climatisation – Plomberie).
C’est un peu l’équivalent du nutri-score qu’on a pour l’alimentation, mais dans le BTP !
Pour l’instant, nous avançons en amélioration continue avec les retours utilisateurs pour optimiser notre produit et lancer la commercialisation.
Sur le temps long, nous allons récupérer des données d'impact environnemental, auprès des différents fournisseurs, et les rendre compréhensibles par tous, pour aller vers des achats plus durables.
Il y a un gros travail de simplification de ces données, car pour un chargé d’affaires dans le BTP, il est crucial d'avoir des métriques environnementales claires.
C’est ce qui va lui permettre in fine de comparer et de se décider sur les produits qu’il utilisera dans son chantier. Aujourd’hui, ces informations sont extrêmement complexes à déchiffrer, tout est fait à la main et cela prend trop de temps.
Yoca va venir simplifier et optimiser ces tâches administratives répétitives en offrant un vrai barème de référence environnemental.
Qu’est-ce que le mentorat vous apporte à l’un comme à l’autre ?
Antoine : Je parraine plusieurs startups, notamment celles du Carburateur. Je les rencontre tous les 2/3 mois, je partage mon expérience, je les guide et leur donne des idées. Cela m’apporte beaucoup d’énergie, d’enthousiasme et d’ondes positives.
En retour, je leur apporte, j’espère (rire) un peu de sagesse, les aidant à canaliser leur énergie et à se concentrer sur les tâches prioritaires. J’adore être mentor et donner de mon temps, c’est très gratifiant.
Christian : Je suis en contact avec Antoine, mais aussi avec d’autres personnes du groupe NGE. J’ai candidaté au Carburateur presque exclusivement pour cela. Dans notre entreprise, NGE est un client.
Nous recevons des retours sur notre solution et cela nous permet de nous améliorer. Surtout, cela nous pousse à nous aligner sur les standards d’un grand groupe, ce qui implique une exigence accrue et une segmentation plus importante des informations.
Crédit photographique : NGE
Antoine, trouvez-vous que l’entrepreneuriat se cantonne aux startups ?
Antoine : Moi, je suis un "affreux salarié". En 1988, il n'y avait pas de “startupers” comme aujourd'hui. Pourtant, je me considère aussi comme un entrepreneur. D’ailleurs, on a nommé notre entreprise NGE pour "Nouvelles Générations d’Entrepreneurs".
Nous avons beaucoup innové et entrepris. On ne reste pas 35 ans dans la même entreprise si l'on ne s'y plaît pas. Il faut dépasser le fantasme du tout salarié ou tout entrepreneur.
Le salariat ce n'est pas quelque chose de négatif. C’est peut-être aussi aux entreprises de porter ce discours.
Justement, tous les deux, que voudriez-vous dire à des élèves ingénieurs qui se destinent à un parcours entrepreneurial ?
Antoine : Je les inviterais à lire la définition du mot résilience, car cela ne signifie pas obstination. Dans l’entrepreneuriat, il faut savoir échouer rapidement et tenir le coup. On apprend beaucoup de ses échecs. Quand on sent que ça ne va pas marcher, il vaut mieux s’arrêter. "Fail fast and retry !".
Christian : Pour compléter, la résilience nécessite aussi de savoir pourquoi on le fait. Un directeur chez BPI disait que l’entrepreneuriat représente 5% de lumière et 95% d’ombre. Les gens voient les 5%, dans la presse, sur les réseaux sociaux. Mais derrière les storytellings, se cachent les difficultés et les mésaventures.
Pour tenir, il ne faut pas s’arrêter à la première difficulté. Simon Sinek parle du "Why". C’est ce "pourquoi" qui permet de poursuivre l’aventure. Le seul gain financier, ce n’est pas une motivation suffisamment puissante. Il faut croire en ce que l'on fait.
Antoine : C'est absolument vrai ! Tous ceux que j’aide ont ce "feu sacré", qui donne du sens à leur quête.
Écologie et BTP : pourquoi selon vous, il y a urgence à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans ce secteur ?
Antoine : L'enjeu principal, où Christian souhaite être disruptif, est évidemment écologique car le secteur du bâtiment émet beaucoup de gaz à effet de serre.
Le BTP est le problème, mais il est aussi une partie de la solution. Car si nous polluons en construisant, c’est pour créer ensuite des infrastructures intelligentes qu’on dit "décarbonées", des logements actifs ou à faible consommation énergétique.
Il faut voir la chaîne de valeurs dans son ensemble.
Christian s’est positionné sur un domaine particulier et doit agir vite. Le secteur de la construction a le pouvoir d’influencer la consommation énergétique future des bâtiments.
Auriez-vous des sujets d’investigation à suggérer à des ingénieurs centraliens qui souhaiteraient entreprendre ?
Antoine : Tout est imbriqué, la construction dépend aussi du secteur numérique. Par exemple dans le bâtiment on parle de BIM, pour Building Information Model. C’est ce qui permet de créer des maquettes numériques de chantiers. Je pense qu’il y aura des solutions à inventer sur la question de la data, pour les éditeurs de logiciels.
Les matériaux sont aussi une piste importante. Celui qui inventera un béton ou un enrobé zéro carbone fera fortune. Les ingénieurs et doctorants doivent se mettre au travail. Les matériaux sans émission sont un axe vraiment essentiel à explorer.
Christian : Le réemploi des matériaux de construction est une autre piste intéressante. Comment vraiment réutiliser des structures de bâtiments démolis ? Aujourd’hui, on le fait presque seulement de manière décorative. Pourtant, même en construisant du neuf, on n'a pas besoin de nouveaux matériaux.
Je pense qu’on peut aussi innover dans la sécurisation des chantiers avec les avancées en cours sur les exosquelettes et la robotisation. Ces technologies pourraient améliorer la qualité de vie au travail sur les chantiers. La formation intelligente (autrement appelée adaptive learning) qui se base sur des algorithmes d'Intelligence Artificielle est également prometteuse pour les métiers dangereux.
Entreprendre à Centrale Méditerranée
À Centrale Méditerranée, la Filière 3A (S9) Entrepreneuriat forme chaque année 20 à 25 élèves qui veulent créer une entreprise à un moment ou un autre de leur vie professionnelle.
Ce programme de formation propose une pédagogie qui alterne des formations académiques en classe, des rencontres d’entrepreneurs, des conférences, des ateliers, et fait une grande place à l’apprentissage par l’expérience puisque tous les étudiants de cette filière doivent participer aux Entrep’, véritable colonne vertébrale du programme, qui implique déjà 150h de pratique projet sur le terrain.
Ce programme donne donc l’occasion aux élèves d’aborder tous les aspects de la création d’entreprise et de les appliquer à leur projet des Entrep’.
Contact
Françoise Perrin
Enseignante,
Chargée de mission Entrepreneuriat.