Art & science

Art & science : un mois d'exploration entre fascination et recherche

Art et technique s’entrelacent depuis des siècles : design, réalité virtuelle, robotique, cinéma, lutherie, optique…
Du 3 au 28 mars 2025, un cycle inédit de conférences, expositions et rencontres anime le campus, transformant le hall de l’amphithéâtre Joule en agora dédiée à l’émerveillement.
Une initiative qui reflète l’engagement de l’école pour la pluridisciplinarité et l’exploration de nouvelles formes.
Ingénieur, artiste, pourquoi choisir quand on peut tout faire ?

Le rayon extraordinaire : révéler l'invisible

Point d'orgue de ce mois d’effervescence, l'exposition "Le Rayon Extraordinaire – Visions polarimétrique" propose une immersion dans les propriétés de la lumière invisibles à l’œil. Portée par le duo d'artistes plasticiens rennais Flavien Théry et Fred Murie, en collaboration avec l’enseignant-chercheur Julien Fade, ce travail de recherche art & science conjugue inspirations scientifiques et création artistique.

Au cours d’une résidence d’artistes au sein de l’Université de Rennes / Institut Foton entre 2020 et 2022, le trinôme a exploré le phénomène de polarisation de la lumière sous toutes ses facettes, et mesuré et sublimé des signaux émis en lumière polarisée qui sont invisibles habituellement à l’œil nu. Cette collaboration a permis de créer une vingtaine de pièces artistiques, exposées initialement aux Champs Libres à Rennes, et dont est extraite cette version marseillaise de l’exposition.

Toutes les œuvres donnent l’impression d’une immersion dans une réalité augmentée imperceptible habituellement, ou de révéler des messages codés censés demeurer secrets. 🤫

"La démarche de création art & science est intéressante" raconte Julien Fade, responsable scientifique de la résidence d’artistes et de l’exposition :

"Je me suis vraiment senti intégré dans les choix y compris artistiques, et surtout j’ai réalisé qu’il y a un processus de création assez similaire entre la recherche artistique et la recherche scientifique.

On explore, on divague, puis on rationalise les idées en excluant celles qui ne fonctionnent pas, on simplifie, on converge à l’essentiel."

"Je vois de nombreux autres points communs : le rapport à l’esthétique déjà.

Il n’est pas choquant en science de dire qu’une équation est belle ou un raisonnement élégant, comme on le dirait d’une œuvre d’art.

Enfin, l’art, tout comme les sciences et la recherche fondamentale, relève du bien commun, impliquant une forme de gratuité dans la démarche, ces disciplines nous poussant collectivement vers le progrès. Ces processus de création n’ont pas besoin d’être dirigés. Au contraire, la création libre, artistique ou scientifique, offre un regard neuf, une prise de recul indispensable sur des sujets, et permet de dépasser les consensus et de questionner les vérités établies.

Nous avons eu de longues discussions avec les artistes Fred Murie et Flavien Théry, maintenant des amis, qui ont osé me poser des questions que je n’entendais jamais de la part des étudiants. Cela m’a amené à prendre conscience que certains concepts ou certaines représentations présentées comme évidentes pouvaient être challengées, et cela a transformé ma façon de d’enseigner certaines choses en cours par la suite."

Focus sur une œuvre

En exposant des œuvres qui révèlent des phénomènes invisibles pour nos facultés primitives, tout en baignant dans l’ambiance sonore de la bande son originale du compositeur Thomas Poli, l'exposition transforme le hall en un véritable espace de rencontre et d'échange, affirmant la vocation de l'école à être un lieu d'interaction pour toute la communauté centralienne et à inspirer de nouvelles vocations. Y compris celles qui ne sont pas perceptibles au premier coup d’œil.

Nous avons demandé à Julien Fade son œuvre préférée. Et la réponse ne s’est pas faite attendre :

"La pièce « Le Secret », sans hésiter, qui dévoile les signaux polarisés que peut émettre une seiche. Seiche que nous sommes allés filmer avec une caméra polarimétrique au Marinarium de Concarneau lors d’un tournage en 2021. Déjà c’est une œuvre monumentale et extrêmement belle, fascinante même par son support original : c’est une tapisserie au point d’Aubusson qui représente cette seiche et son message secret optique.

Elle est née d’un processus de création bien différent de l’idée initiale. Au départ, nous avions imaginé restituer cette seiche et ses « signaux polarisés » dans un aquarium rempli d’eau, dont chaque face serait un écran vidéo modifié. Mais cette approche ne fonctionnait pas aussi bien que prévu."

Julien Fade

Finalement, les artistes ont imaginé ce vecteur inattendu et la tapisserie s’est révélée être une solution parfaite pour sublimer les images issues de ce tournage.
Explorer différents supports au cours de la résidence (tirages numériques, réalité virtuelle, tapisserie, sculptures, installations vidéos...) a rendu le travail encore plus passionnant.

Un mois pour penser autrement

Le programme, soutenu par la Fondation Centrale Méditerranée et l'Institut Fresnel, s’articule autour de plusieurs temps forts dont :

L’inauguration de l'exposition auprès des personnels de l’école lors d’un « café sans filtre ».
Une conférence de vulgarisation de Julien Fade intitulée "La polarisation de la lumière : du rayon extraordinaire aux applications modernes".
Un afterwork / vernissage de l’exposition en présence des artistes et des invités partenaires de l’école et du milieu art & science local.
Une immersion grand public dans l’univers polarimétrique le samedi 22 mars, où l’exposition sera ouverte à toutes et tous.

Notre engagement pour les arts et les sciences

Les progrès en ingénierie reposent sur l’innovation et la créativité. L’école est convaincue que croiser les disciplines, notamment les arts et les sciences, enrichit la pensée critique et encourage l’ouverture d’esprit.

C’est pourquoi cette approche transdisciplinaire est intégrée dans le parcours de formation des ingénieurs centraliens. Les Activités Physiques, Sportives et Artistiques (APSA), représentent une Unité d’enseignement à part entière, animée par un duo détonant associant une handballeuse et un danseur professionnel.

Les étudiants y sont invités à mobiliser leur sensibilité artistique et/ou sportive au service de leur parcours d'ingénieur. La conscience du corps, la santé, le bien-être de l’individu sont indissociables de la performance en entreprise et dans la vie, en général.

Cette vision ouverte aux modes d’expression propre à la grande école d’ingénieurs se manifeste à bien d’autres égards : semaine d'idéation, fresques, collaborations avec l’écosystème local et les écoles d’arts/design, performances musicales de La Farigoule et du Techno Pôle, acrobaties des Pompim’s, stands et animations du BDA et tant d’autres projets pédagogiques.

Le module d'habitat spatial

Le dernier en date, réalisé en collaboration avec Château La Coste, centre culturel régional de renom a rassemblé élèves ingénieurs et artistes autour d'un défi commun : concevoir un module d'habitat spatial conjuguant esthétique, technologie et pragmatisme.

Cette expérience pourrait même donner lieu à de nouvelles formes de partenariats et valorisations des travaux conduits avec nos élèves.

Innover autrement

Toutes ces initiatives illustrent notre engagement à transformer son campus en un laboratoire d'idées où sciences, technologies et arts convergent pour repenser l'innovation et former des ingénieurs responsables techniquement compétents mais également ouverts à la diversité et sensibles aux enjeux de développement durable.

Ce mois de croisement entre arts et sciences est une belle invitation à repenser nos perceptions. Les étudiants, enseignants et personnels de l'école mais aussi le grand public, sont conviés à découvrir comment la recherche scientifique et la création artistique se nourrissent mutuellement, ouvrant des perspectives nouvelles sur notre environnement et nos connaissances.